La consoude, trésor de nos jardins, ennemie des laboratoires pharmaceutiques
Après
le plantain , nous avons une tendresse toute particulière pour la
consoude.
Cette
plante vivace et vigoureuse puise profondément dans le sol de
grandes quantités d’éléments minéraux (dont de la potasse)
qu’elle restitue ensuite aux autres végétaux. Sa richesse en
allantoïde, qui favorise la multiplication des cellules, stimule la
vie microbienne du sol, facilite la levée des semis et favorise la
croissance des feuilles.
Elle
sert à tant de choses, est si peu exigeante et à la bonne idée de
pousser partout ! Originaire d’Europe, la consoude ou Symphytum
officinale pousse
naturellement en lisière de forêt, dans les zones humides (fossé,
bord de ruisseau, prairie humide…).
Les
Grecs de l’Antiquité pensaient que cette plante pouvait soigner
tous les organes blessés. Cette plante est utilisée depuis la nuit
des temps, puisque l’on en a retrouvé la trace dans la nourriture
des hommes des cavernes. Elle est malheureusement tombée en
désuétude, mais a connu un renouveau dans les pays anglo-saxons dès
le 19ème siècle. Elle sert depuis longtemps à nourrir les animaux
: chevaux, vaches, cochons, poules (qui pondent plus et mieux).
La
plante peut aussi bien être consommée fraîche que séchée, en
fourrage (elle est riche en protéines, jusqu’à 35 % de la matière
sèche). Les romanichels la cultivaient là où ils passaient :
ils « retapaient » avec de la consoude de vieilles carnes
qu’ils achetaient à bas prix, et les revendaient bien plus cher
quelques semaines plus tard !
Cette
plante va chercher loin ses éléments nutritifs : sa
racine, une fois installée, plonge à 1,5 m et même deux mètres de
profondeur ! Aucune plante herbacée ne va si loin. Une fois
installée (au bout de 2 ou 3 ans) elle ne craint plus rien, mais
avant, il faut veiller à ce qu’elle ait un arrosage suffisant, à
lui apporter de l’azote, par exemple sous forme de purin d’orties,
et à désherber autour d’elle. Elle aime les terres profondes, du
fait du développement de ses racines.
Elle
fait un excellent engrais, riche en potasse, donc très
complémentaire de l’ortie, qui est riche en azote. Lorsqu’on
fait des plantations, on peut prendre quelques feuilles fraîches
d’ortie, une ou deux de consoude, les couper en morceaux, et les
mettre directement au fond du trou de plantation. Reprise garantie de
la plante !
Est-elle l’ennemi
à abattre ?
Depuis
quelques années cette plante fait polémique outre-Atlantique. Elle
contient des alcaloïdes, principalement concentrés dans la racine,
les graines et les jeunes feuilles. Plusieurs études ont été
menées mais les résultats sont contradictoires.
Les
défenseurs de la consoude dénoncent les études menées par
l’industrie pharmaceutique, selon lesquelles cette
plante pourrait provoquer une maladie du foie, appelée maladie
veino-occlusive du foie ou syndrome de Budd-Chiari.
Cette
maladie cause le rétrécissement des vaisseaux sanguins du foie
engendrant un mauvais fonctionnement hépatique. A la suite de ces
études, menées dans les années 1980, le Canada et les Etats-Unis
ont pris des mesures d’interdiction ou de restrictions quant à
l’utilisation de cette plante, provoquant la colère et
l’indignation de nombreux citoyens, herboristes, spécialistes, qui
crient au scandale.
Alors
qu’en est-il ?
Ce
qui reste certain, c’est que cette plante est utilisée par les
hommes depuis plus de deux mille ans, tant pour ses propriétés
thérapeutiques que nutritives. Pour l’usage interne (nourriture et
soins), il est préférable de ne consommer que feuilles à maturité
(éviter racines et jeunes pousses), et de se cantonner à
la Symphytum
officinalis, la consoude sauvage, aussi appelée consoude
officinale, grande consoude, ou encore herbe aux coupures.
Evitez
les hybrides du type « Consoude de Russie » ou encore
« cultivar
Bocking 14 », espèces vendues dans les magasins spécialisés,
et préférez la consoude sauvage et locale, que l’on trouve en
lisières des forêts, près des ruisseaux et tous les lieux humides.
Pour le jardin
Purin
de consoude :
Le
purin de consoude est en fait un extrait obtenu par macération dans
de l’eau, puis fermentation. Les substances actives y sont
concentrées. Pour éviter que le liquide se putréfie, vous devrez
le filtrer. Comme tous les purins, celui de consoude se conserve dans
une bouteille ou dans un récipient en matière plastique fermé
hermétiquement, durant plusieurs mois, à l’obscurité et à 12 °C
environ.
Un
kilo de plante fraîche pour 10 litres d’eau (de préférence eau
de pluie ou de source).
Hacher grossièrement les plantes. La fermentation prend 15 jours à 18°C. Elle peut être plus longue au printemps, ou plus rapide en été. Ca sent moins mauvais que le purin d’orties ! A utiliser dilué de 5 à 30%, sur le sol, pas sur les feuilles. La consoude s’utilise en particulier pour les plantes donnant fruits ou tubercules. Vous pouvez ajouter à la macération prêle, absinthe, tanaisie, thym, etc. pour y rajouter des propriétés insecticides et désinfectantes. N’oublions pas l’ortie, bien sûr, avec laquelle elle forme un engrais très complet.
Hacher grossièrement les plantes. La fermentation prend 15 jours à 18°C. Elle peut être plus longue au printemps, ou plus rapide en été. Ca sent moins mauvais que le purin d’orties ! A utiliser dilué de 5 à 30%, sur le sol, pas sur les feuilles. La consoude s’utilise en particulier pour les plantes donnant fruits ou tubercules. Vous pouvez ajouter à la macération prêle, absinthe, tanaisie, thym, etc. pour y rajouter des propriétés insecticides et désinfectantes. N’oublions pas l’ortie, bien sûr, avec laquelle elle forme un engrais très complet.
Comment l’utiliser :
• Déposez
quelques poignées de feuilles fraîches au pied des tomates, des
courges et des arbres fruitiers. Vous pouvez également en glisser
dans le compost pour l’activer.
• Disposez directement les tiges et les feuilles, séchées durant 48 heures, dans le sillon de plantation des pommes de terre ou bien incorporez-les en automne, lors du travail du sol.
• Disposez directement les tiges et les feuilles, séchées durant 48 heures, dans le sillon de plantation des pommes de terre ou bien incorporez-les en automne, lors du travail du sol.
La
consoude sert aussi à faire de la teinture : avec feuilles et tiges,
avec de l’alun comme mordant, on a du jaune, avec de l’étain du
jaune citron, avec du chrome un orange clair.
Les propriétés médicinales de la consoude viennent de l’allantoïne qu’elle contient, qui est un activateur de croissance cellulaire très puissant. Pour cet usage, on préfère la racine, qui en est bien plus riche. Comme on l’a vu précédemment, ne pas abuser en usage interne, mais il n’y a pas de restriction pour l’usage externe, les alcaloïdes n’étant pas absorbés par la peau.
Les propriétés médicinales de la consoude viennent de l’allantoïne qu’elle contient, qui est un activateur de croissance cellulaire très puissant. Pour cet usage, on préfère la racine, qui en est bien plus riche. Comme on l’a vu précédemment, ne pas abuser en usage interne, mais il n’y a pas de restriction pour l’usage externe, les alcaloïdes n’étant pas absorbés par la peau.
La
consoude était très utilisée par les nourrices, qui souffraient
fréquemment de crevasses aux seins : elles creusaient un trou dans
une racine de consoude, et y mettaient leur bout de sein.
Les feuilles de consoude cuites, en cataplasmes, sont depuis longtemps utilisées pour guérir l’eczéma des animaux.
Les feuilles de consoude cuites, en cataplasmes, sont depuis longtemps utilisées pour guérir l’eczéma des animaux.
En usage médicinal
Cette
plante est utilisée depuis plus de 2 000 ans en
médecine traditionnelle. Par exemple, Dioscoride, un médecin grec,
la conseillait pour traiter les hémorroïdes ainsi que les
inflammations pulmonaires ou digestives. Elle renferme de l’acide
rosmarinique, un anti-inflammatoire reconnu, de même que du mucilage
aux vertus émollientes et
de l’allantoïne, une substance cicatrisante.
On
attribue généralement à ces substances actives les propriétés
thérapeutiques de la consoude administrée par voie interne, mais
ces usages ont été abandonnés du fait que la consoude peut
renfermer des pyrrolizidines potentiellement toxiques pour le foie.
De nos jours, on limite donc généralement son utilisation aux
applications externes.
Propriétés
générales, la consoude est :
Cicatrisante,
vulnéraire (guérit les blessures), astringente, émolliente,
béchique (calme la toux), rafraîchissante (calme la soif, diminue
la température du corps), adoucissante (calme les inflammations),
calmante, analgésique, antihémorragique.
L’époque
de récolte de la racine est à la fin de l’hiver, les feuilles
tout au long de la période de végétation, pour un séchage plus
facile avant la floraison. Comme pour l’ortie, on peut en faire
sécher les parties aériennes pour utiliser la consoude tout au long
de l’année. Pommade de Maria Treben : Couper en petits morceaux 4
à 6 racines fraîches et lavées. Les faire frire peu de temps dans
250 g de saindoux, laisser reposer une nuit. Réchauffer le
lendemain, filtrer. Mettre dans de petits récipients et conserver au
réfrigérateur. Traite les plaies chez l’homme et l’animal.
Ce qui est le plus actif, c’est la pulpe de racine fraîche, en cataplasme sur plaies même infectées, brûlures, fractures, ulcères, entorses, etc.
Ce qui est le plus actif, c’est la pulpe de racine fraîche, en cataplasme sur plaies même infectées, brûlures, fractures, ulcères, entorses, etc.
Décoction
pour compresses : 200 g de racine dans 1 litre d’eau, faire
bouillir ¼ d’heure. Vu son pouvoir régénérant, la racine de
consoude est aussi utilisée pour les soins cosmétiques.
Cataplasmes :
- Hacher les feuilles fraîches, puis verser sur celles-ci de l’eau bouillante. Ou verser de la farine de feuilles de consoude dans de l’eau bouillante pour obtenir une pâte épaisse. On enveloppe cette bouillie molle et verte dans de la gaze (double couche) ou charpie pour l’appliquer en la maintenant avec un bandage sur la partie à traiter. Ce procédé permet le relâchement de l’ allantoïne, tandis que la stérilisation est assurée. Les cataplasmes doivent être renouvelés toutes les trois heures à titre indicatif. Appliquer le cataplasme le plus chaud supportable.
- Pour ne pas avoir à mettre de la gaze, préparer une pâte compacte en mélangeant moitié-moitié de l’amidon ou une substance amidonnée et de la farine de feuilles de consoude. Mélanger l’amidon dans de l’eau froide afin d’obtenir une pâte épaisse. Verser de l’eau bouillante afin d’obtenir une pâte un peu liquide. Y mixer immédiatement la farine de consoude afin d’assécher l’ensemble à une consistance qui adhère à la peau, mais qui peut être enlevée sans laisser de trace. Appliquée sans gaze, directement sur la peau, cela permet de conserver la chaleur pendant assez long en étant assez leste.
- 100 g de racines pelées dans 1/4 l d’eau en décoction 10-15 mn. Aplliquer de la même façon un minimum de 15 mn toutes les trois heures. La racine contient deux fois plus d’allantoïne et la Bocking 14 est la plus riche.
Nutrition
En
dehors du séchage, vous pouvez aussi congeler la consoude et en
faire des conserves, comme pour l’ortie. En Angleterre, on trouve
de la consoude dans les boutiques de produits naturels, sous
plusieurs formes. La consoude peut se cuisiner à la façon des
épinards. On peut aussi utiliser ses grandes feuilles pour faire des
rouleaux de printemps, à la viande ou aux céréales.
Citation
d’Hildegarde de Bingen (1) :
« Si l’on a un membre cassé ou blessé, ou couvert
d’ulcères, manger de la consoude. Mais la consoude prise sans
raison renvoie la pourriture à l’intérieur : c’est comme
si on jette des pierres dans un grand fossé pour empêcher l’eau
de s’en aller, et alors la vase s’insatlle au fond. »
(1)
Hildegarde de Bingen (1098-1179), visionnaire, poétesse et
musicienne de tout premier plan, est considérée comme la première
vraie phytothérapeute moderne.
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