Pardonner vraiment n’est pas chose facile. C’est un acte pourtant capital pour soi-même, avant toute autre considération. Mais il est vrai, comme pour tout ce qui se rapporte aux sentiments et à l’affect, que la confusion peut prendre le dessus sur la raison. Vouloir pardonner, c’est bien, mais cela ne garantit rien. Des blessures émotionnelles peuvent réapparaître longtemps après les faits, alors même qu’on les croyait oubliées. Quelques repères peuvent aider à cheminer vers le pardon.
Dix étapes pour pardonner vraiment et se libérer
Les étapes pour accéder au pardon
Identifier
les étapes qui mènent au pardon est une démarche à laquelle
je vous invite, pour comprendre les mécanismes qui sont en jeu
dans le processus blessure/pardon/guérison.
1 – Considérer sa blessure
Cette
première étape est bien sûr primordiale, avant toute autre
considération : admettre que l’on est blessé. On
constate que beaucoup de personnes ne parviennent pas franchir
ce cap. Pourtant, cette reconnaissance pose les bases qui permettent
de ne pas sous-estimer la blessure et ses conséquences.
C’est une condition pour accéder au chemin du pardon qui mène
à la guérison.
2 – Refuser la souffrance
Quand
on est blessé, le réflexe consiste à s’enfermer dans sa
souffrance. Ce processus naturel peut rapidement se révéler comme
le foyer d’une rancœur naissante. Pour s’en préserver, il faut
refuser cette souffrance, la repousser.
Cela
demande de la volonté. Car notre société tend à banaliser
la violence tout comme la souffrance. Non, il n’est pas
normal, ni acceptable de souffrir. Celui qui entretient ce
sentiment restera hermétique à toute forme d’aide
extérieure. Au contraire, le refus de souffrir est un
moteur puissant qui facilite le franchissement des obstacles au
pardon.
3 – La rancune affecte notre être
Entretenir
sa rancœur est néfaste pour soi-même avant tout. Il est
nécessaire de comprendre que le sentiment négatif qui nous habite
alors, créé nécessairement des tensions intérieures qui nous
affaiblissent.
Rien
ne sert de vouloir se protéger en haïssant, c’est un leurre. En
agissant ainsi, on finit par s’écarter des autres et se rendre
inaccessible à l’amour dont on a tant besoin. Finalement, on a
beaucoup à perdre que de s’imposer « de ne pas aimer »
quelqu’un. On risque à terme de devenir responsable de son
propre malheur. Ce faisant, l’illusion devient totale quand on
finit par croire puis de se persuader, que tout est de la faute
de l’autre.
Pour
être en mesure de pardonner, il faut prendre en compte les
limites de l’autre. Tout le monde peut faillir ou
être vulnérable, comme « je » peux l’être
également. Il appartient à chacun de ne pas se polluer l’existence
en cumulant et cultivant la négativité. Une bonne méthode pour
y parvenir est d’aller vers cet autre, aussi imparfait
soit-il, comme je le suis également.
4 – Prendre soin de soi
Il
ne faut pas négliger de panser ses blessures émotionnelles. Les
traces de ces blessures peuvent être profondes, ce qui nécessite de
se faire aider. Aucune honte à avoir, accepter de l’aide c’est
se reconnaître en difficulté comme tout à chacun peut l’être.
C’est une sorte de pardon que l’on s’accorde à soi-même
de ne pas être une personne autonome et forte en toute
occasion.
Accepter
d’être aidé, c’est aussi s’exposer au regard extérieur,
avec toute l’énergie et l’amour qu’il peut véhiculer.
L’acte de soin commence ainsi, par ce sentiment d’exister
dans le regard bienveillant de l’autre. C’est une preuve d’amour
dont on aurait tort de se priver.
5 – Accepter que l’autre ne changera pas
Comprendre c’est pardonner
Certains
y parviennent, pour d’autres c’est plus difficile et même
impossible. Sont-ils condamnés pour autant ? Non bien
sûr. Quand ni la situation, ni les ressentis
n’apparaissent de façon claire, il est plus utile d’accepter
le fait que chacun puisse être faible que de s’entêter à
comprendre pourquoi.
Une
autre erreur consisterait à attendre une réparation de la
part de celui qui nous a offensé, ou encore : de
s’attendre à ce qu’il change. Il est tentant que de se
conforter dans cette idée que la solution viendrait d’ailleurs que
de soi. Cela nous empêche d’avancer et amène à ne rien
entreprendre de son côté.
6 – Questionner ses sentiments
Quand
enfin, on pense en avoir fini, il n’est pas inutile de le
vérifier. Pour savoir si on a réellement pardonné, on ne
doit ressentir aucune blessure à l’évocation des événements
passés. Le sentiment d’avoir véritablement tourné la page
doit être sans ambiguïté. Il est nécessaire d’être aussi
honnête que possible avec soi-même.
Car
si certaines blessures passent avec le temps, d’autres restent
vives, mal dissimulées derrière un détachement de façade.
Mais on ne trompe pas son subconscient. Tôt ou tard, notre corps
exprime par différents symptômes possibles les maux de notre
esprit.
7 – Travailler à l’origine de la rancœur
Il apparaît
bien que les blessures qui persistent sont à l’origine de
la rancœur. Les plus traumatisantes peuvent ne pas se cicatriser
toutes seules. On voit bien qu’il ne suffit pas de vouloir
pardonner pour que cela fonctionne. Les émotions doivent êtres
débloquées pour rendre le pardon possible. Car le risque est bien
celui d’entretenir une rancœur tenace, avouée ou non, mais belle
et bien néfaste.
8 – Les faux pardons à éviter
Le
pardon n’est en aucun cas une obligation. On ne pardonne pas
pour faire plaisir, ni par crainte ou même par politesse. Aucun
bénéfice à attendre de ce côté là. Au contraire, il faut
nécessairement s’attendre en retour à de justes
conséquences.
Car
le faux pardon est une illusion qui peut se transformer en
punition pour son auteur, au niveau de ses relations
sociales, de son amour propre, de sa santé psychique et
jusqu’à sa santé physique.
9 – Pardonner pour flatter son ego
Une
autre erreur consisterait à se réjouir outre mesure d’avoir
su pardonner, ou bien de se croire meilleur que celui qui
n’aurait pas su le faire. Même si l’acte du pardon est
noble, le réduire à n’être qu’une performance personnelle ne
fait que révéler l’absence de détachement pourtant indispensable
à un réel pardon.
Cela
traduit immanquablement la présence d’une blessure non
résolue. La personne concernée n’est pas prête pour
pardonner.
10 – Un pardon ne constitue pas une excuse
Pardonner
est différent du fait d’excuser. Quand on abandonne tout
ressentiment négatif ou toute rancune, cela ne consiste pas à
considérer que les faits n’ont pas eu lieu, ou que rien ne
s’est passé.
Le
pardon sincère de la victime enlève à l’agresseur du
poids de sa dette. Mais un acte répréhensible reste un acte
répréhensible, qu’il soit pardonné ou non. En d’autres termes,
le responsable doit réparation pour sa faute auprès de la
victime et jusque devant la justice selon la situation
concernée.
Vous disposez maintenant des outils essentiels pour pouvoir pardonner
Peut-être
pourriez-vous décider de revisiter de vieilles rancœurs ? Les
quelques points abordés ici doivent permettre à chacun d’accéder
au vrai pardon. N’hésitez plus, il n’y a aucune raison de croire
que ce sont les faibles qui pardonnent. Bien au contraire, car
en réalité il faut du courage pour parvenir à se
libérer du poids de la rancœur, pour se réaliser dans
la relation.